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C'est avec beaucoup de bonheur que je vous ouvre les portes de mon jardin secret. J'espère que vous aurez grand plaisir à vous y perdre et à partager l'amour des mots et celui de la poésie.

Je vous souhaite un bon voyage !

Vanessa

A méditer ...

  La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.

Albert Camus

28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 13:52














Paris – le 13 Juin 2008 – 18H20 – Quartier des Champs Elysées

 

Mabrouk El Mechri rend hommage, à juste titre, au personnage de JCVD en revisitant le mythe dans une œuvre hallucinée où intime et fiction sont étroitement mêlés.

 

Jean-Claude Van Damme se livre avec beaucoup de sensibilité et d’autodérision, peut-être pour la première fois, devant la caméra du réalisateur français, fan invétéré de l’acteur. Alors qu’il a jusqu’à présent bâti sa fortune sur les ventes de films d’arts martiaux à petits budgets tout droits sortis en VHS et DVD, « JCVD » vient chambouler ce parcours atypique en lui proposant une performance d’acteur aussi originale et audacieuse. Pour la première, voilà le belge bondissant dans un vrai rôle qui le livre pieds et poings liés aux spectateurs, le cœur à vif, entièrement nu.

 

A noter que « JCVD » n’est pas un simple documentaire pour initiés mais un véritable film où le scénario trouve toute sa place. Certes, le film, par principe, est résolument centré sur le personnage de l’acteur belge mais pas seulement ; Mabrouk El Mechri ayant eu l’intelligence d’entourer l’acteur d’autres interprètes de talent. Ainsi, chacun s’intègre parfaitement à la narration tout en l’enrichissant par nombre d’intrigues parallèles. À noter l’excellente performance de Zinedine Soualem, habitué jusqu’à présent aux rôles de timides effacés. Ici, il explose littéralement dans la peau d’un braqueur de banque mégalomane et déjanté.



Paris, le 28 Juin 2008

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 20:37










Uriel et Euxane. Deux prénoms sonnant comme un défi. Un homme et une femme. Les tout derniers survivants de l'île de la terre du Levant. Uriel et Euxane, seuls sur cette terre rejetée au Nord-Est de l’Islande.


Depuis quelques jours, une pluie dense s’est abattue sur l’archipel. Pas une de ces pluies fines qui vous caressent le visage. Non, une pluie drue qui vous casse le dos, vous fait ramper à terre, dans la boue, comme un animal. Une de celle qui vous dit que vous n’êtes qu’un étranger sur cette terre hostile. Une de celle qui vous rappelle que vous n’êtes rien, que vous n’êtes que de passage ici-bas. Ne jamais oublier que l’on vous tolère. Ne pas s’imaginer que l’on puisse s’aventurer impunément dans les pas de l’Humanité. Point de révolte ici. Pas un mot plus haut que l’autre. Il faut savoir marcher en rang sinon tu crèves.


Alors évidemment, lorsque toute une civilisation avait eu des velléités de rébellion, la Nature n’avait pu rester de marbre. Les habitants de l'île de la terre du Levant s’étaient développés de façon démesurée, surpeuplant ce lieu béni autrefois si serein. Ils avaient tant et si bien prospérés qu’ils avaient envahi le territoire ne laissant plus une seule parcelle inoccupée. Ils étaient trop nombreux. Et puis, ils se comportaient si mal. Elle ne pouvait le permettre. Il était de son devoir de réagir. Alors, c’est vrai, elle avait mis le paquet. Elle n’avait pas fait de quartier. Au son de l’ocarina, instrument traditionnel de l’île, tout avait été anéanti. Réduit à néant ou presque puisqu’Uriel et Euxane étaient encore là. Certes amoindris mais ils résistaient. Quel était donc leur secret ? Pourquoi avaient-ils réchappé aux tornades et ouragans ? Jour après jour, les éléments s’étaient déchaînés sur ce peuple qui avait cru pouvoir lutter ? Qu’avaient-ils de plus que les autres ? Leurs amis et leurs familles avaient été décimés, les uns après les autres. Personne n’avait pu vaincre les forces de la Nature. Aux tornades et ouragans avaient succédé les tremblements de terre. Les survivants n’avaient eu aucune trêve en voyant surgir des invasions de sauterelles ainsi que des nuées de guêpes attaquant sans répit petits et grands. Ils avaient succombé dans d’atroces souffrances. Rien n’avait pu les sauver. Ils étaient perdus. Leurs âmes n’avaient pas su trouver le chemin. Désormais, cette Terre ne pouvait plus recueillir cette population qui n’avait pas su respecter la Nature. Ils s’étaient tout permis ; alors, celle-ci avait décidé d’en finir. D’en terminer une bonne fois pour toute.


Devant une telle démonstration de violence, Uriel et Euxane ne pensaient pas couper à la colère de la Nature. Résignés, ils avaient attendu que la Mort vienne les faucher et puis non, rien ne s’était produit. Ils étaient là. Depuis quelques instants, les éléments s’étaient apaisés. La Nature avait épargné Uriel et Euxane. Mais, qu’allaient-ils advenir d’eux ? Orphelins sur l'île de la terre du Levant, allaient-ils pouvoir survivre ? Comment résister ?


Tout n’était que néant et désolation autour d’eux. Quelques végétations subsistaient ça et là. Au milieu du chaos, ils aperçurent un arbuste, appelé la coque du levant, réputé pour sa fertilité sous lequel ils s’abritèrent. Autrefois, Uriel avait appris ses bienfaits dans le vieux manuscrit de son aïeul féru de botanique. Il y était écrit que le breuvage de quelques gouttes de la sève de cet arbrisseau suffisait à redonner vie à toute forme d’aridité. Uriel déplia le foulard mauve d’Euxane et lui fit signe de s’asseoir. Il sortit de son pantalon une lame qu’il planta dans la chair tendre de l’arbre et pratiqua une légère incision. A l’aide d’un morceau de miroir, il récupéra la sève qui s’échappait du tronc et la fit boire à la belle Euxane. Ils s’allongèrent à l’ombre de l’apocalypse qui s’étendait sous leurs yeux. Et dans un élan empli d’espoir, ils s’aimèrent de toutes leurs forces.



Paris, le 23 Juin 2008

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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 17:00











Aujourd’hui, j’ai 10 ans. Mes grands-parents me laissent carte blanche pour le week-end. Je suis libre de faire tout ce qu’il me plaît même de me goinfrer de friandises si ça me chante !


Depuis des mois, j’économise sous après sous. Au fil des jours, j’ai accumulé un trésor soigneusement rangé dans ma précieuse escarcelle. Grâce à ce pécule, je vais enfin pouvoir concrétiser la plus belle des fêtes. Une fête encore plus féerique que toutes celles que j’avais osées imaginer dans mes rêves les plus fous. Pour cette occasion très spéciale, j’ai convoqué mes fidèles lutins. Je sais que je peux compter sur eux. Jamais, ils ne me feraient le coup de la grève. Ils n’ont pas fermé l’œil de la nuit œuvrant comme des bêtes de somme afin de m’offrir le plus beau des anniversaires. Alors, ne nous égarons pas et place à l’inspection ! Tout doit être parfait dans les moindres détails. Un seul mot d’ordre : de la constance en toute circonstance !


Les derniers détails du canevas ayant été transmis la veille au soir à mes chers compagnons, les lutins, un ultime coup d’œil me permettra de m’assurer que tout est fin prêt. Mais voilà que je suis stoppée dans mon élan par Daisy le chef des lutins. Impossible de faire un pas de plus. Mince alors, vu l’air décidé de mon amie, pas moyen de négocier une percée dans la salle principale où tout doit être en ordre pour la fête de l’année. Mais, qu’est-ce que j’entends derrière la porte ? Ne serait-ce pas des murmures étouffés ? Y aurait-il un contretemps, une difficulté de dernière minute ? Ah mais non, ça ne va pas se passer ainsi, c’est moi qui vous le dis ! D’un brusque mouvement de la main, j’écarte Daisy qui tente une ultime fois de me barrer le passage en vain. En un rien de temps, me voici engouffrée dans le vaste séjour où quelques fagots de bois crépitent dans la cheminée. Groupés autour de l’âtre, tous mes amis, ma famille, tous les gens que j’aime sont là, auprès de moi en cette belle journée d’été où le solstice est à son apogée. Venus me chanter la sérénade, c’est à l’unisson qu’ils me souhaitent un bel anniversaire.

Submergée par l’émotion, je ne puis estomper plus longtemps les perles qui me montent aux yeux. Tant d’amour m’emplit le cœur que je ne sais comment les remercier d’être là avec moi, pour moi, ils ne sont rien qu’à moi. Alors, dans un sanglot rieur, je scande aussi distinctement que possible : « Merci les amis et que la fête commence ! ».

Paris, le 17 Juin 2008

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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 18:32













Paris, le 10 Août 2007 à 19H55 – Quartier de l’Opéra

 

Avec « Ratatouille », le dernier né de chez Pixar, Brad Bird rend un vibrant hommage à Paris ainsi qu’à son art culinaire. C’est sous les traits d’un jeune rat qui rêve de devenir chef cuisinier dans un grand restaurant parisien que Brad Bird nous livre la recette de l’affranchissement personnel et de l’accomplissement d’une ambition tiraillée entre le besoin de satisfaire aux goûts de sa famille et la nécessité de vivre sa propre vie.

 

C’est avec une grande mæstria et un scénario de haut vol, intelligent, drôle et émouvant que les studios Pixar renouent avec le succès après le très décevant « Cars ».

 

La virtuosité de la 3D, la qualité des animations, le raffinement et l’élégance de ce « Ratatouille » ne peuvent que nous faire tomber en pâmoison et nous donner envie d’être nous aussi un grand chez français !



Paris, le 12 Juin 2008


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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 20:08














Paris – le 31 Décembre 2007 – 13H55 – Quartier de l’Opéra

 

« Il était une fois » est la rencontre de deux mondes, celui des contes de fées et celui de la réalité, la vraie vie comme disent les enfants ! Le réalisateur, Kevin Lima a, en effet, eu l’ingénieuse idée de confronter à l’écran ces deux univers où se mêlent fantaisie, romance et autodérision. Cela donne lieu à des situations plus que cocasses ainsi qu’à de très jolies séquences musicales dans lesquelles Amy Adams et Patrick Dempsey forment un duo fort bien assorti.

 

Les références aux grands classiques de Walt Disney, « Blanche Neige », « Cendrillon », « La Belle au bois dormant » entre autres, sont bien sûr nombreuses et s’intègrent parfaitement à l’ensemble de l’œuvre. Une véritable réussite.

 

En bref, à recommander aussi bien pour les petits que les grands.



Paris, le 11 Juin 2008

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 11:44










Paris – le 1er Mai 2008 – 17H00 – Théâtre 13

 

Gwenhaël de Gouvello a eu la bonne idée de mettre au goût du jour le fameux auteur espagnol, Tirso de Molina, celui-là même qui a créé le mythe le plus célèbre du théâtre moderne : Dom Juan.

 

C’est sur un ton plein de fantaisie et d’imagination, dans un décor improbable (le palais est représenté par une usine de confection de costumes de théâtre), avec des costumes confectionnés au fur et à mesure du récit par les comédiens eux-mêmes, que « Le Timide au palais », comédie « de cape et d’épée » nous est proposé par Gwenhaël de Gouvello.

 

Riche en rebondissements et en situations cocasses, « Le Timide au palais » est servi par une troupe de comédiens remarquables, tous plus justes les uns que les autres. Emportés par une belle énergie, comédiens et musiciens mettent beaucoup de cœur et de talent. Un magnifique hommage à cet auteur de théâtre malheureusement méconnu.

Paris, le 11 Juin 2008

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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 08:39
Nous sommes peu à penser trop, trop à penser peu.
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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 12:11














Paris – le 24 Mai 2008 – 16H – Quartier de la Bibliothèque François Mitterrand

 

Dix-neuf ans après « Les Aventuriers de l’Arche perdue », Steven Spielberg revient à ses premières amours avec Harrison Ford alias Indy. Pour ce quatrième volet, « Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal », le réalisateur nous plonge dans l’univers parfaitement reconstitué des années 50. En pleine guerre froide, les nouveaux ennemis d’Indy sont les soviétiques avec à leur tête l’intraitable Irina incarnée caricaturalement par Cate Blanchett.

 

Ô combien attendu, cet ultime épisode remplit son objectif : divertir tout en restant fidèle aux personnages. Harrison Ford n’a pas à rougir de sa prestation. Il n’a rien du pépé vieillissant. Bien au contraire, il a su garder une certaine fraîcheur juvénile qui rend le personnage d’Indy toujours aussi attachant en plus d’être charismatique.

 

En bref, même si l’intrigue est toujours un peu alambiquée, « Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal » reste un divertissement de bonne facture auquel je n’en doute pas, le duo Spielberg-Lucas saura trouver une nouvelle suite.

Paris, le 10 Juin 2008

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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 18:29











C’est univoque ! Le siphon bouché, il faut œuvrer le plus rapidement possible avant que nos invités ne débarquent. Cette puanteur emplit la cuisine de secondes en secondes. C’est une véritable infection ! A se demander si ce n’est pas un de ces espèces de rat des champs qui s’est bêtement engouffré puis coincé dans ce tuyau. Oui, ce serait plausible. Il faut dire qu’une authentique filière de rongeurs s’est installée dans la région il y a quelques mois. De quoi faire jaser les habitants à au moins 10 kilomètres à la ronde. C’est dire ! Les villageois ne s’imaginaient pas que ces satanées bestioles viendraient s'établir au nez et à la barbe de tous. Mais, au fil des jours, ces rats infects avaient charrié avec eux des remorques de fatras indéfinissable. Alors là, c’était certain, aucun doute possible. Ces nuisibles étaient là pour un bon moment et il faudrait faire avec. Leur multiplication et leur comportement m’avaient semblé louches mais jusqu’à présent ces mammifères rampants s’étaient tenus tranquilles, alors … Et puis, là ce matin, bang ! Ah, il fallait vraiment que ça tombe aujourd’hui. Un Dimanche ! Jour de barbecue ! Quelle déveine ! J’en piaffe de rage. Mais, j’y pense. S’aboucher avec leur chef, lui envoyer un bristol serait peut-être LA solution afin de vivre en bonne intelligence. Après tout, ce sont aussi des créatures du Seigneur. Dominons notre dégoût, faisons bonne figure. Aujourd’hui, Ils sont nos nouveaux voisins. Demain, …



Paris, le 8 Juin 2008
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 21:46










D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours entendu parler de lui. Et voilà qu’aujourd’hui, il sera dans notre village. Vous rendez vous compte ? Une légende vivante parmi nous ! Tout près de moi. Peut-être pourrais-je l’approcher. Toucher du doigt l’objet de mes rêves. Ses combats, son rôle politique, son soutien pour une Arabie unie et par-dessus tout, ses équipées à travers le désert m’ont toujours fascinée. J’ai suivi ses aventures depuis que je suis en âge de lire et c’est grâce à lui si j’ai une telle passion pour les fouilles archéologiques. Je me rappelle encore avec émotion ses toutes premières fouilles au Sud de la Turquie, près de Jerablus à Karkemish rendues célèbres à travers le monde entier. Tout le monde en parlait. Je n’étais qu’une gosse mais ces mystères me transportaient dans un autre univers : je me voyais à ses côtés, déterrant quantités d’objets précieux enfouis depuis des millénaires comme on exhume des dépouilles pour leur accorder une nouvelle vie. C’est ce qu’il croyait. Ce tour de force est assurément l’oeuvre d’un magicien. Personne d’autre ne serait capable d’un tel prodige.

 

Enfant, à la question : « Maya, que veux-tu faire lorsque tu seras grande ? ». Je répondais fièrement et sans la moindre hésitation : « Aventurière comme Lawrence ! ». Alors, les adultes me jaugeaient avec condescendance et riaient tout en se moquant gentiment de moi. Mais leur perplexité ne faisait qu’accroître ma conviction. Voilà pourquoi la venue de Lawrence était si importante pour moi. Peut-être allait-elle changer le cours de ma destinée … Ce matin-là, j’étais la première debout, sur le pied de guerre, prête à accueillir mon héros. J’avais appris par la gazette locale que Lawrence venait de quitter la péninsule du Sinaï pour emprunter la route de Carchemish puis celle de Pétra avec ses compagnons arabes. Pétra, la ville où il venait tout juste d’éviter un incident diplomatique. Un général allemand avait réprimé la révolte des cheminots arabes par un coup de fusil. Un homme était mort. Cette injustice, cet ignoble abus de pouvoir avaient soulevé la colère de ses camarades. Appelé à la rescousse, Lawrence avait su trouver les mots justes parvenant à calmer le désarroi de ces hommes exploités, payés une misère, six sous le mois.

 

Lawrence était devenu l’un des leurs. Durant toutes ces années de traversée du désert, il avait appris leur culture, leur langue et leurs dialectes. Son charisme, son sens de la diplomatie, sa compréhension des peuples, son courage et son héroïsme avaient fait de lui un élément incontournable de l’Orient. Son cheval de bataille : libérer les arabes du joug ottoman et européen. Son projet : un grand empire arabe placé sous influence britannique. Il était devenu leur chef, un roi sans couronne.

 

C’était le grand jour, Lawrence et ses troupes allaient faire halte dans notre cité afin de se ravitailler pour ensuite rallier Aqaba, un petit village de pêcheurs que sa position géographique (entre la Palestine, la Transjordanie et la Péninsule arabique) rendait stratégique. Lawrence l’a très vite compris. Il veut y établir un centre de communication terrestre entre l’armée britannique qui piétine en plein Sinaï et les forces arabes engagées dans le Hedjaz. Ses hommes sont prêts à se battre. Ils sont prêts à mourir pour lui. Pour ma part, tout se jouerait dès à présent. Malgré mon jeune âge, j’y avais beaucoup réfléchi et ma décision était prise. Je partirai coûte que coûte combattre à ses côtés. Sa cause est noble, elle serait mienne. Faire honneur à mon héros d’enfance ; rien ni personne ne pourrait m’en dissuader. D’ici quelques instants, je lui parlerai.

 

A peine avais-je eu le temps de formuler ma pensée que je le vis. Tel un bédouin, il était enrubanné d’un turban bleu marine donnant une intensité supplémentaire à son regard azuré. Il avait encore plus fière allure que sur les photos des illustrés. Elancé, le visage fin, le regard franc de ceux qui n’ont rien à cacher. En le voyant, là, il me plut davantage encore. Le doute n’était plus permis. J’étais prête à braver n’importe quelle armée pourvu que Lawrence soit notre guide. C’est d’ailleurs les premières paroles que je prononçais lorsque je vins le saluer pour lui souhaiter la bienvenue parmi nous. Contrairement aux autres adultes, il ne riait ni ne souriait. Cette requête semblait lui paraître légitime et d’un hochement de tête il me fit comprendre son approbation. Je n’en revenais pas. Pas une hésitation. Aucune discussion n’avait été nécessaire pour lui faire sentir mon désir impérieux de le servir. D’un seul regard, nous nous étions compris.

 

En toute hâte, je fis mon paquetage en prenant bien soin de n’éveiller aucun soupçon et me glissais hors de la maison sans que personne ne puisse me remarquer. En l’espace de quelques minutes, le cours de ma vie avait changé. Un regard avait suffi pour que Maya devienne quelqu’un. Lawrence avait eu ce pouvoir. Sur ma vie, je ne le décevrais pas. En rejoignant, le groupe de mes nouveaux compagnons, je savais que je ne reverrai plus ma famille. Mais ce n’était pas grave. Je n’avais aucune tristesse au fond du cœur bien au contraire. Ma vie n’était plus ici mais bien aux côtés de Lawrence. Ma famille, c’était lui. J’en éprouvais une joie intense. J’étais légère, si légère. Ma vie pouvait enfin commencer.

 

Le ravitaillement clos, le temps était venu de partir et de lever le camp. C’est ainsi que par une belle journée de printemps, nous prîmes le chemin à la conquête du désert. Durant des jours et des semaines, nous traversâmes un désert hostile, des montagnes sans noms, des vallées sans route et des étendues sans fin. Jamais aucun des compagnons ne se plaignit. Nous avions une quête. Nous la poursuivions. Lawrence était notre chef et nous savions que lui seul mènerait la révolte jusqu’à son triomphe. Il était incontestablement l’homme de la situation. Grand, souple, fort et empli de convictions, il pouvait sans nul doute rendre justice à la cause arabe à son terme. Et grâce à Dieu, je serai là pour l’y aider.

 

Durant notre périple, Lawrence était parvenu à fédérer les tribus bédouines autour du chef de La Mecque, Hussein, et de son fils, l’émir Faysal. Son courage, son héroïsme au combat et ses talents de diplomate avaient su conquérir le cœur de l’Orient. Il n’avait plus rien à prouver et il n’eut aucune difficulté à rallier à sa cause des hommes influents, prêts à se battre à nos côtés. Le dénouement était proche. Nous le sentions. Etait-ce l’atmosphère orageuse et moite qui nous faisait pressentir l’attaque imminente ou bien encore cette espèce de tension qui grondait dans les rangs ? Je ne saurai le dire avec précision mais le doute n’était plus permis. La fébrilité de nos escadrons était manifeste et palpable. L’objectif était clair : ne pas faire de quartier, aller jusqu’au bout quoiqu’il en coûte.

 

C’est pourquoi après avoir organisé une série de diversions et d’opérations de harcèlement contre les trains militaires d’Aqaba, Lawrence nous fit un signe de la main nous intimant l’ordre de donner l’assaut. L’excitation était à son comble. Chevaux aux galops, nous foncions droit sur les Ottomans qui nous bombardaient d’une pluie de coups de feux que nous fendions aveuglément. Nous étions lancés et rien ni personne ne pourrait nous arrêter dans notre élan et notre soif de victoire. Nos troupes étaient déchaînées. Corps et âmes, jeté dans le combat, une centaine d’hommes chargea de toute sa force sur l’ennemi, massacrant tout sur son passage, bousculant les positions ottomanes. Quant à Lawrence, il ne ménageait pas ses efforts et nous exhortait à aller de l’avant, défiant les dangers qui l’entouraient en bataillant avec davantage de vaillance encore. Pour ma part, j’avais le feu aux joues. Pas un instant, je ne lâchai de vue Lawrence. Je ne percevais plus les cadavres qui s’amoncelaient autour de moi. Les yeux rivés sur Lawrence, mon regard ne voyait plus que lui. Submergée par l’émotion, je n’entendais rien des déflagrations qui sifflaient au-dessus de ma tête. N’était-ce pas pour lui que je m’étais engagée dans cette bataille ? Lui seul pouvait me donner la force nécessaire. Mon amour pour Lawrence était mon trésor le plus précieux. Rien n’était plus beau et plus gratifiant. A cet instant, mon cœur débordait d’une infinie gratitude pour cet homme venu du désert par une belle matinée où tout avait basculé. Maya n’était à ce moment-là qu’une enfant. Aujourd’hui Lawrence avait fait de moi une femme. Une femme heureuse. J’allais m’élancer vers lui lorsqu’une balle vint me toucher de plein fouet, droit dans le cœur. Basculant de mon pur-sang, je m’effondrais sur le sol sans comprendre ce qui m’arrivait. Lawrence n’était qu’à quelques pas de moi. Il n’avait rien vu. Il continuait bravement à se battre. Le sang des opposants volait dans les airs projetant des tâches rouges écarlates dans le ciel. Je me rappelle m’être dit à cette seconde : « Quel artiste ! ». Et dans un dernier souffle, j’eus la force de sortir de la poche de ma chemise le billet que Lawrence d’Arabie m’avait griffonné avant de partir à l’assaut : « Je t'aimais ; c'est pourquoi, tirant de mes mains ces marées d'hommes, j'ai tracé en étoiles ma volonté dans le ciel afin de te gagner la Liberté, la maison digne de toi, la maison aux sept piliers ainsi tes yeux brilleraient peut-être pour moi lors de ma venue. ».



Paris, le 7 Juin 2008


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