Paris – le 28 Novembre 2009 – 13H45 – Quartier de la Bibliothèque François Mitterrand
Après avoir reçu le prix Louis-Dellux en 2005 pour le triptyque « Un couple épatant »,
« Cavale », « Après la vie » qui révéla Lucas Belvaux, l’acteur belge devenu réalisateur avait brillamment transformé l’essai avec « La Raison du Plus Faible »,
drame humaniste et social, dévoilant un véritable talent pour rapporter le mal-être d’une société qui se meurt.
Pour son retour au cinéma en tant que réalisateur, Lucas Belvaux s’est inspiré de l’affaire de
l’enlèvement du Baron Empain, homme d’affaire belge, victime de kidnapping vers la fin des années 70 dont l’écho médiatique avait été retentissant.
Entouré d’un casting prometteur, Yvan Attal en tête d’affiche et d’un scénario au large potentiel,
Lucas Belvaux avait tout pour réussir une œuvre forte émotionnellement et déterminante artistiquement. Et pourtant, il passe complètement à côté de son sujet.
Tandis que les trois-quarts du film porte sur la détention du personnage incarné par Yvan Attal, la
narration ainsi que la mise en scène ne suivent pas le déroulement de l’histoire, laissant le spectateur aux portes du film. Entre deux ou trois plans de la captivité, deux ou trois plans de
l’attente cloîtrée de la famille de la victime et de nombreux autres plans sur le verbiage entre la police et les administrateurs de l’entreprise dirigée par le kidnappé, rien ne nous sera
montré. Exit les émotions, exit les ressentis de la famille et du kidnappé, exit le scandale d’une double vie dévoilée sur la place publique, exit l’histoire de cet homme d’affaires déchu, exit
tout !!!!
Demeure un sentiment de vide abyssal et une énorme sensation de gâchis. En survolant de la sorte son
sujet, Lucas Belvaux nous prive par là même de toute tension dramatique et de tout intérêt pour une histoire amplement connue et médiatisée.
« Rapt » semble vouloir commencer au moment de la libération de l’otage mais il est déjà
trop tard pour donner un regain d’intérêt à une mise en scène jusque-là trop statique. Si Lucas Belvaux voulait mettre en lumière la violence du retour de la victime après sa libération et faire
un parallèle avec la période de détention avec les ravisseurs encore aurait-il fallu découper le film d’une toute autre façon et moins s’appesantir sur la première partie où finalement le
réalisateur n’a que peu de choses à dire.
Pour le reste, les interprétations constipées des uns et des autres sont à la hauteur de la mise en
scène. Seul Yvan Attal s’en tire honorablement bien qu’il n’ait pas grand-chose à défendre ; rares sont les plans où l’acteur apparaît.
En somme un vrai rendez-vous manqué pour un film qui aurait mérité davantage d’ampleur et de
moyens.
Paris, le 30 Novembre 2009