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C'est avec beaucoup de bonheur que je vous ouvre les portes de mon jardin secret. J'espère que vous aurez grand plaisir à vous y perdre et à partager l'amour des mots et celui de la poésie.

Je vous souhaite un bon voyage !

Vanessa

A méditer ...

  La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent.

Albert Camus

3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 12:11


Condamnée pour avoir trop aimée

Coupable du péché de chair

Fautive de l’avoir trop goûté

Je paie le prix de la luxure

 

Drapée d’une opprobre nouvelle

Je vais et je viens

Vacillant d’un monde à l’autre

A la recherche de la saveur de mes élans charnels

 

Les étreintes de mes amants hantent mes nuits

Cristallisent mes démons et désirs enfouis

Ma lascivité endormie frétille d’envie

Ravivant le souvenir de mes ardentes nuits

 

Un désir trop prégnant

Des chaînes trop lourdes

Pardonne-moi, mon Amour

La vie est bien trop courte

Pour mourir d’amour

Ciao Bello, Ciao Federico

 

Paris, le 3 Décembre 2009

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 20:00


Paris – le 28 Novembre 2009 – 13H45 – Quartier de la Bibliothèque François Mitterrand

 

Après avoir reçu le prix Louis-Dellux en 2005 pour le triptyque « Un couple épatant », « Cavale », « Après la vie » qui révéla Lucas Belvaux, l’acteur belge devenu réalisateur avait brillamment transformé l’essai avec « La Raison du Plus Faible », drame humaniste et social, dévoilant un véritable talent pour rapporter le mal-être d’une société qui se meurt.

 

Pour son retour au cinéma en tant que réalisateur, Lucas Belvaux s’est inspiré de l’affaire de l’enlèvement du Baron Empain, homme d’affaire belge, victime de kidnapping vers la fin des années 70 dont l’écho médiatique avait été retentissant.

 

Entouré d’un casting prometteur, Yvan Attal en tête d’affiche et d’un scénario au large potentiel, Lucas Belvaux avait tout pour réussir une œuvre forte émotionnellement et déterminante artistiquement. Et pourtant, il passe complètement à côté de son sujet.

 

Tandis que les trois-quarts du film porte sur la détention du personnage incarné par Yvan Attal, la narration ainsi que la mise en scène ne suivent pas le déroulement de l’histoire, laissant le spectateur aux portes du film. Entre deux ou trois plans de la captivité, deux ou trois plans de l’attente cloîtrée de la famille de la victime et de nombreux autres plans sur le verbiage entre la police et les administrateurs de l’entreprise dirigée par le kidnappé, rien ne nous sera montré. Exit les émotions, exit les ressentis de la famille et du kidnappé, exit le scandale d’une double vie dévoilée sur la place publique, exit l’histoire de cet homme d’affaires déchu, exit tout !!!!

 

Demeure un sentiment de vide abyssal et une énorme sensation de gâchis. En survolant de la sorte son sujet, Lucas Belvaux nous prive par là même de toute tension dramatique et de tout intérêt pour une histoire amplement connue et médiatisée.

 

« Rapt » semble vouloir commencer au moment de la libération de l’otage mais il est déjà trop tard pour donner un regain d’intérêt à une mise en scène jusque-là trop statique. Si Lucas Belvaux voulait mettre en lumière la violence du retour de la victime après sa libération et faire un parallèle avec la période de détention avec les ravisseurs encore aurait-il fallu découper le film d’une toute autre façon et moins s’appesantir sur la première partie où finalement le réalisateur n’a que peu de choses à dire.

 

Pour le reste, les interprétations constipées des uns et des autres sont à la hauteur de la mise en scène. Seul Yvan Attal s’en tire honorablement bien qu’il n’ait pas grand-chose à défendre ; rares sont les plans où l’acteur apparaît.

 

En somme un vrai rendez-vous manqué pour un film qui aurait mérité davantage d’ampleur et de moyens.

 

Paris, le 30 Novembre 2009


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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 18:58

Aujourd’hui, Mardi 18 Décembre 1981, le monde sous-marin est en émoi. Au large des côtes marocaines, le Tanio, pétrolier malgache, a fait naufrage. Après avoir essuyé des conditions météorologiques particulièrement exécrables, le pont s’est fissuré. L’inévitable s’est produit : le Tanio s’est brisé en deux, déversant 19400 tonnes de pétrole.

 

Pour nous les courbines, pour nos amies les carpes et les truites mais aussi pour l’ensemble de la faune marine, le choc est énorme.

 

Le déversement d'une telle quantité de pétrole brut a anéanti tout espoir pour nos familles mais également pour nos générations futures.

 

Au croisement d’un récif, j’ai vu ma compagne Mona Lisa se faufiler dare-dare sans même me saluer. Elle, d’habitude si câline, n’a pas semblé me reconnaître. Il faut dire qu’avec cette marée noire, on n’y voit goutte. En serpentant entre les algues marines, des centaines et des milliers de cadavres errent comme des bateaux sans amarres. Les premières victimes de cette catastrophe industrielle et écologique ont pour nom Lily et Vivi, mes amies, les carpes asphyxiées par cette pourriture d’or noir. Leurs bouches grandes ouvertes et leurs yeux vides m’ont retourné l’estomac. Un début de nausée m’est remonté à l’œsophage. Mais, le danger presse et il faut vite se mettre à l’abri, le plus loin possible de ce poison. C’est la panique. Notre communauté, touchée de plein fouet, se heurte à la colonisation humaine. Démunis face aux menaces humaines, ma famille et mes amis sommes condamnés à disparaître. L’éradication est déjà en marche. Le Tanio, nous crucifie un peu plus encore.

 

A 150 pieds au-dessus de nous, les hommes et leurs machines ont pris possession des lieux. J’entends le bruit des moteurs. Mais, ne nous faisons pas d’illusion, les opérations de pompage ne nous sauveront pas. Pour nous, il est déjà trop tard.

 

Mona Lisa me disait, hier encore, que seules les sardines pourraient nous redonner un regain d’espoir. Elles seules ont le pouvoir d’améliorer l’état des eaux en limitant les effets de méthane mortellement nocifs pour notre monde sous-marin. En me repassant notre conversation, je ne pensais pas que nous aurions à faire face aussi rapidement à un tel cataclysme.

 

A cette heure, le traumatisme est abyssal tant la destruction des fonds marins, notre habitat, la destruction de notre faune et de notre flore, nos vies, sont irréversibles. Aujourd’hui, je sais que mêmes les sardines n’auraient pas pu lutter contre un tel fléau. Seul le sourire de Mona Lisa restera à tout jamais la clé de mon bonheur éternel.

 

Paris, le 27 Novembre 2009


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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 19:44

Paris – le 22 Novembre 2009 – 15H – Palais Omnisports Paris Bercy

 

Le Cadre Noir est un corps de cavaliers d'élite français. La France a souhaité organiser l'enseignement de l'équitation en créant une école qui a pour vocation la préparation aux diplômes supérieurs d'enseignants et la préparation à la compétition de haut niveau. Confiée au Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, l'Ecole nationale d'équitation s'est naturellement appuyée sur le savoir-faire et les connaissances des écuyers du Cadre Noir qui ont retrouvé dans cette nouvelle école créée à Saumur leurs missions d'origine : dresser des chevaux, enseigner l'équitation sportive et former aux métiers de l'équitation.

 

Le Cadre Noir de Saumur accompagné par l’orchestre de la garde républicaine, le chœur de l’armée et le baryton, Franck Ferrari, nous offre un nouveau spectacle équestre.

 

Au total, ce sont 40 chevaux, 30 écuyers, 68 musiciens, 45 choristes et un soliste qui évoluent autour d’une scène centrale qui accueille l’orchestre de la garde républicaine, le chœur de l’armée française sous la direction de François Boulanger.

 

Les plus grands airs du répertoire mozartien, de l’opéra français et italien sont interprétés par l’un des barytons français le plus reconnu au niveau international, Franck Ferrari. De « Carmen », à la « Tosca » en passant par « Turandot » ou encore « Les Noces de Figaro » et « Nabucco », la musique lyrique magnifie les différents tableaux équestres.

 

Le Gala du Cadre Noir de Saumur mélange la musique classique à l'art équestre et nous fait découvrir les grâces de l'équitation académique et les fameux sauts d'école dans une scénographie enrichie de jeux de lumière. On regrettera toutefois un manque de coordination notable de l’ensemble des cavaliers issu pourtant de l’élite équestre.

 

Paris, le 25 Novembre 2009


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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 20:01


Pour des raisons de sécurité personnelle, Elle se prénommera F.

 

Courtaude et rondouillarde, F. a la cinquantaine bien sonnée. Pour celui qui ne connaîtrait pas l’âge de la demoiselle, on lui en donnerait facilement dix de plus tant elle fait vieille fille. F n’a pas de mari. F. n’a pas d’enfants. F. n’a pas de famille. F. a un travail auquel elle a décidé de consacrer toute sa vie, … aux corps défendants de ses employés-esclaves qu’elle mène d’une main de fer.

 

Dès huit heures du matin, elle est à son poste de travail. Ses lunettes, chaussées sur l’arête de son nez aquilin, lui permettent d’affûter sa surveillance maniaco-psychotique. Rien ne doit lui échapper : aussi bien les arrivées tardives, les pauses cigarettes intempestives, les déjeuners à rallonge que les départs précipités et j’en passe. L’indiscipline la rend dingue !

 

Lorsque l’un de ses subordonnés commet la moindre faute, elle scande, de sa voix suraiguë, le nom dudit fautif faisant résonner l’heure du châtiment dans tout l’étage. Puis, la porte de son bureau claque. A cet instant, tout un chacun peut l’imaginer, rouge comme une tomate, prête à faire pleuvoir hurlements et reproches sur le pauvre hère tétanisé.

 

F. a l’emportement facile et l’encouragement inexistant. F. est mauvaise et acariâtre. F. n’a pas d’amis. Ces dossiers de recouvrement sont ses amis. Son travail est sa raison d’être. F. ne connaît aucune autre règle de vie que celle-ci, cette dernière devant bien évidemment s’appliquer de la même façon à l’ensemble de ses sujets. Ses esclaves ne doivent se commettre ni dans la facilité ni dans l’oisiveté. Les mots d’ordre sont les suivants : discipline, travail, obéissance et abnégation en toutes circonstances.

 

La maladie, F. l’a en horreur. Que l’on ait 42° de fièvre, que l’on se torde de douleur ou bien que l’on soit à l’article de la mort, pas question d’être démissionnaire. La devise de F. : « Plutôt mourir que de ne pas répondre présent à un jour de travail. ». F. fait travailler son staff encore et encore jusqu’à ce qu’il ne fasse plus la différence entre le jour et la nuit. F. aime le rendement.

 

F. ne se remet jamais en question. Il lui est toujours plus facile de mettre en cause les uns ou les autres. La tête haute, le regard froid et pénétrant, les lèvres pincées et le port arrogant, elle vous snobe comme si vous étiez d’une race inférieure. Elle sait comme personne vous faire sentir loser de chez loser.

 

Sous sa coupe, sa troupe s’étiole. Elle a perdu sa joie de vivre depuis la nuit des temps. Les teints grisâtres, les cernes noirâtres, les yeux creux, les regards vides, les corps épuisés et abattus ou bien encore les silences mortels ne trompent plus personne. Et pourtant, personne ne dit mot …

 

Quoiqu’il advienne, F., à l’image de sa vie, mourra seule et desséchée sans avoir vécu.

 

Paris, le 24 Novembre 2009


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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 10:09
L'idéal est pour nous ce qu'est une étoile pour le marin. Il ne peut être atteint mais il demeure un guide.
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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 19:46

Exquise Scarlett

Délicieuse Blanche

Troublante Anna Karénine

Captivante Cléopâtre

 

D’Autant en Emporte le Vent

A Un tramway nommé Désir

De César et Cléopâtre

A Anna Karenine

Autant de chefs d’œuvre

Du septième Art

 

Fragile et forte

Altière et délicate

Discrète et irrévérencieuse

Egérie aux mille et un visages

 

Grâce et beauté

Minois mutin, regard espiègle

Magnétisme et mystère

Les substantifs font pâle figure

Pour sublimer l’aura d’une telle étoile

 

Un ange a nimbé de lumière

L’âge d’or du cinéma hollywoodien

Par delà le temps

Et même si

Demain est un autre jour

Insaisissable Vivien

Vous restez à jamais dans nos mémoires

 

Paris, le 18 Novembre 2009


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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 16:44



Tout avait pourtant si bien commencé. L’entente avait été immédiate. Dès notre première rencontre, nous nous étions comprises à demi-mot. La symbiose était incroyable. Nous marchions à l’unisson telles des meneuses prêtes à relever tous les défis. Nous étions solidaires tant de nos succès que de nos erreurs. A l’écoute l’une de l’autre, nous formions une équipe du tonnerre. Rien ne pouvait nous résister. Enfin, c’est ce que je croyais …

 

Après trois années d’union sans nuages, le choc fut cataclysmique. Au début, je ne pouvais y croire. J’ai même pensé à une mauvaise blague. Après tout ce que nous avions partagé, je ne pouvais imaginer un tel retournement de situation. Comment avait-elle pu changer en l’espace de si peu de temps. Durant toutes ces années, je n’avais rien vu venir. La confiance m’avait aveuglée jusqu’à me faire baisser la garde.

 

Encore aujourd’hui, la vérité m’est insupportable. Je me repasse en boucle tous ces moments où nous avons combattu côté à côte. Mais le voyage est insoutenable, la nausée me monte à la gorge et le rouge envahit mes joues. Les battements de mon cœur cognent dans ma poitrine tant et tant qu’ils m’oppressent jusqu’à me faire manquer d’air. Je cherche ma respiration en vain. Mes mains tremblent. Il faut que je m’assoie et que je boive un verre d’eau. Il faut que je me calme. Me calmer ?! Non, il n’en est pas question. Il faut qu’elle paie, cette traînée. Il faut qu’elle saigne. Oui, elle va morfler.

 

Le sang me monte à la tête. A force de ressasser toute cette histoire, j’ai les nerfs à vif. Quelle foutue salope ! Elle ne perd rien pour attendre. Sa traîtrise ne m’a pas mise définitivement à terre. Réagir et lui faire payer au centuple. Il n’y a que ça qui compte. Lui faire sentir le goût de la vengeance jusqu’à ce qu’elle s’en étouffe. Oui, le prix de la perfidie sera chèrement payé.

 

Je veux qu’elle sache toute la haine que j’éprouve. Qu’à l’heure de son dernier souffle, elle ne puisse oublier au nom de quoi elle m’a trahie. La regarder droit dans les yeux et qu’elle y lise l’ignominie de son forfait. La traîner par les cheveux. Lui lacérer le visage. N’en faire qu’une bouillie. Oui, je veux lui faire mal, très mal. La défigurer ne suffirait pas à apaiser ma souffrance. La rouer de coups encore et encore jusqu’à ce qu’elle me supplie d’arrêter et qu’elle en crève. Je veux la voir baigner dans son sang. Qu’elle morde la poussière en rampant jusqu’à moi. Qu’elle implore mon pardon et que je lui crache à la gueule pour seule réponse.

 

Oui, voilà comment j’envisage les choses après le coup de Trafalgar qu’elle a osé fomenter contre moi. Me retrouver assigner devant les tribunaux alors que nous avions parcouru tout ce chemin ensemble ! Son désir de pouvoir et d’argent allié à sa volonté de tout contrôler auront eu raison de son jugement et de ses sentiments. Pour quelques poignées d’euros supplémentaires, son choix a été implacable et notre histoire n’aura pas pesé bien lourd dans la balance financière. L’appât du gain, la course à toujours plus de profits et la soif de réussite sont les constantes d’une société en mal de vivre où les hommes et les femmes sont désormais prêts à tout pour parvenir égoïstement à leurs fins. Chienne de vie !

 

Paris, le 13 Novembre 2009

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 18:34

Paris – le 8 Novembre 2009 – 15H30 – Salle Gaveau

 

Que les choses soient claires, « Mon frère l’ours blanc » n’est pas un nouveau spectacle à proprement parlé. A notre plus grande surprise et déception, il s’apparente davantage à un patchwork des meilleurs sketchs de ces dernières années.

 

En ces temps de crise, Marc Jolivet a donc choisi la facilité en se reposant sur ses acquis, certes talentueux mais un brin d’inédit n’aurait pas été superflu. Bref, rien de bien nouveau sous les tropiques de l’humour mis à part deux ou trois sketchs tels que le savoureux petit vieux slameur.

 

La crise faisant décidément bien des ravages, Marc Jolivet, après avoir triomphé avec son précédent spectacle, « Comic Symphonic » au Casino de Paris accompagné d’un orchestre symphonique, s’installe dans une salle plus petite néanmoins magnifique, la Salle Gaveau, temple de la musique classique avec pour seuls accompagnements, le pianiste, Serge Perathoner et la violoniste, Sandrine Mazzuco.

 

Comme vous le voyez, le budget a fondu comme neige au soleil. Mais peut-être faut-il y voir un perfectionnisme poussé pour que le trublion soit parfaitement raccord avec le thème de son « nouveau » spectacle, à savoir le témoignage de son expédition dans l’Arctique !

 

En résumé, mieux vaut arriver vierge de tout spectacle car l’effet de surprise est quasiment nul dans ce spectacle certes drôle, intelligent et poétique mais qui a un goût persistant de déjà vu.

 

Du coup, ce léger lifting vite fait bien fait allié au patchwork dessert le propos de l’humoriste. Son spectacle semble fait de bric et de broc sans réel fil conducteur contrairement à ce que laissait supposer l’accroche de « Mon frère l’ours blanc ». Dommage …

 

Paris, le 10 Novembre 2009


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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 22:28


Chef de file des « Brindilles » dans les années soixante-dix, ma mère n’a jamais compris ni voulu admettre qu’elle ait pu engendrer une fille comme moi. Avec mes 78 kilos et mes 1,50 mètres, je lui fais honte ! C’est sûr à côté de son mètre quatre-vingt et de ses 55 kilos tout mouillés, je fais tâche. C’est terrible à dire mais je crois qu’elle aurait préféré que je ne sois jamais née.

 

Qu’il n’en déplaise à ma mère, je suis friande de bonnes choses ! Certains préféreraient dire que je dévore tout ce qui passe. Tout est question de point de vue ... Bébé, confinée dans les coulisses tandis que ma mère défilait pour les plus grands créateurs, je chipais tous les petits pots de mes jolies et gracieuses camarades. Personne pour me surveiller, alors vous pensez bien que je m’en donnais à cœur joie. Au fil du temps, j’ai continué et les kilos se sont accumulés.

 

J’étais tellement obnubilée par ma mère ou plus exactement par son absence que ma surcharge pondérale ne me sautait pas aux yeux. Toute mon attention se focalisait sur son retour. L’attente était tellement emplie d’espoir que j’idéalisais le moment de nos retrouvailles qui immanquablement viraient au fiasco. Jamais un mot gentil et encore moins un geste tendre à mon égard. La rengaine était toujours la même : elle souffrait du jetlag et se plaignait d’une sempiternelle fatigue. En bref, elle n’avait qu’une seule envie : que je lui fiche la paix !

 

Et puis un jour, à force de grossir, elle a bien été obligée de me voir. Avec son désir impérieux de tout contrôler, elle a fini par s’occuper du problème. Elle m’a prise entre quatre yeux et elle m’a dit : « Ecoute, Jess. Ca ne peut plus continuer comme ça. Tu enfles à vue d’œil et moi je n’en peux plus de te voir comme une grosse boule. Habilles-toi et suis-moi ! ».

 

Malgré la violence avec laquelle elle venait de m’asséner mes quatre vérités, j’étais toute excitée à l’idée qu’elle allait m’emmener quelque part. Un regain d’énergie traversait tout mon corps. Enfin quelques instants à partager avec ma mère ! Je me sentais vivante. D’ici quelques minutes, je l’aurais rien qu’à moi.

 

Pas question de gâcher cet événement. Aucun grain de sable ne devait enrayer le bon déroulement des opérations. Tout devait être parfait. Et pour l’occasion, aucune robe ne serait trop belle. J’ai donc choisi la plus chère à mes yeux : la rose avec ses pompons violet dans le dos. Quant aux chaussures, les roses à paillettes seront impeccables. Sans oublier un élégant nœud rose à pois blanc pour parfaire ma tenue. Parée pour vivre pleinement ce moment présent, j’étais prête à être son plus beau cadeau.

 

Mais, c’était sans compter sur le caractère irascible et incontrôlable de ma mère. A peine m’avait-elle vu, que les pires méchancetés sortirent de sa bouche. Horrifiée par mon accoutrement, elle se prenait la tête entre les mains et ne cessait de gémir se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir faire de moi, ignorant avec une déconcertante facilité ma présence.

 

Sans un mot mais le cœur lourd, je la suivis ressassant les dernières paroles assassines de ma chère mère. La pluie commençait à tomber. Partie sans parapluie, j’étais trempée. Les pompons violet tombaient lourdement sur l’étoffe froissée de ma robe rose tandis que mon nœud rose à pois blanc pendait piteusement sur ma chevelure humide et emmêlée. Au loin, ma mère passait entre les gouttes. Je la regardais louvoyer. Elle avait une élégance folle. On aurait dit une danseuse.

 

Arrivée à sa hauteur, elle me montra une lourde porte rouge et me fit signe d’entrer. Incrédule, je la questionnai du regard. Elle me lâcha pour seule réponse : « A dans une heure ! ».

Sur la lourde porte rouge était inscrit en grosse lettre noire : DIÉTÉTICIEN, SPÉCIALISTE DES ENFANTS. Il n’y avait donc rien à faire, je serai un éternel fardeau.

 

Paris, le 6 Novembre 2009


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